Le Conseil d’éducation du District scolaire francophone du Nord-Ouest (DSFNO) se dit troublé par les récentes sorties publiques de la ministre Claire Johnson concernant la gestion des fonds publics des administrations scolaires.
Lors d’entrevues accordées à différents médias, la nouvelle ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance a ouvertement critiqué les districts scolaires sur plusieurs fronts en lien avec leur gestion budgétaire.
« La ministre Johnson a laissé entendre que les districts scolaires sont trop dépensiers. Elle est même allée jusqu’à dire que nous ne sommes pas habitués à collaborer avec son ministère, mettant en doute notre souci de transparence et de reddition de compte, en plus de pratiquement nous accuser de ne pas attribuer suffisamment de ressources humaines dans les salles de classe », déplore la présidente du Conseil d’éducation du DSFNO, Francine Cyr.
« Je comprends que nous vivons dans un contexte financier difficile. Mais il n’est pas question pour le DSFNO de mettre des chapeaux qui ne lui vont pas ! », déclare-t-elle.
Madame Cyr fait valoir que le DSFNO effectue une gestion budgétaire rigoureuse et responsable. « Nous n’avons pas eu d’exercice financier déficitaire depuis de très nombreuses années. Nous avons l’intention de continuer sur cette voie. Ce ne sera pas facile. Et nous ne pouvons pas affirmer que nous réussirons toujours à éviter un déficit. Mais ce ne sont certainement pas les prétentions d’augmentations budgétaires du ministère qui nous aideront sur ce coup-là », continue la présidente.
Celle-ci rappelle que les 200 M$ supplémentaires que dit investir le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance (MÉDPE) en 2025-2026 sont en fait des ajustements. « Ces 200 M$ sont déjà engagés. Par exemple, rien que pour honorer les hausses salariales des différentes ententes collectives du système d’éducation, cela coutera plus de 37 M$ cette année comparativement à l’an dernier. Et il faut aussi compter aussi les ajustements destinés à plusieurs initiatives, comme les programmes des garderies subventionnées et d’alimentation scolaire. Sans oublier l’augmentation du cout de la vie en général, ce qui aura une incidence directe sur les budgets », affirme madame Cyr.
La présidente se dit particulièrement outrée par les insinuations de la ministre sur le manque de collaboration des districts avec le MÉDPE. « Tant le Conseil d’éducation que les leadeurs du DSFNO des secteurs administratifs, financiers et pédagogiques coopèrent sur une base régulière avec les équipes du ministère. Tous participent à des échanges d’expertises, de pratiques gagnantes et de conseils. Ils valident, vérifient, discutent. Je ne comprends pas comment madame Johnson a pu en arriver à un tel raisonnement », déplore-t-elle.
Madame Cyr n’aime pas non plus qu’un doute plane sur la transparence du DSFNO. « Nous rendons des comptes tant au ministère qu’aux parents et au grand public. Par exemple, en ce qui concerne notre gestion budgétaire, nous nous soumettons à des exigences strictes et à des vérifications régulières. Aussi, en ce qui concerne les apprentissages de nos élèves, les objectifs et les résultats d’apprentissages sont communiqués ponctuellement, entre autres par les bulletins et les comptes-rendus, dont le rapport de rendement annuel », souligne-t-elle.
En ce qui a trait à la soi-disant lourdeur du secteur administratif au détriment des services directs aux élèves, la présidente du CÉD ne se sent pas concernée par les propos de la ministre. « Les ressources humaines sont maximisées au DSFNO, pour ne pas dire qu’elles sont étirées. Plusieurs employés exercent des fonctions dans plus d’un secteur à la fois. Ceci afin de permettre de diriger un maximum de services d’appui en salle de classe et d’y affecter le plus grand nombre d’enseignants certifiés », renchérit-elle.
Plus précisément, le DSFNO utilise près de 5 M$ de son budget de fonctionnement pour investir directement dans la salle de classe, dont 3 M$ pour les enseignants.
Madame Cyr fait remarquer qu’au DSFNO, une très petite poignée d’enseignants certifiés ne sont pas assignés directement à la salle de classe. « Actuellement, ils sont 11 et ils sont membres de notre équipe d’accompagnement pédagogique. Cette équipe est essentielle dans un district scolaire et la nôtre est déjà réduite au strict minimum », assure-t-elle.
« N’oublions pas que le MÉDPE embauche aussi des enseignants certifiés dont l’expertise profite à ses différents secteurs », mentionne-t-elle.
Malgré les propos troublants de la ministre Johnson, le Conseil d’éducation du DSFNO a l’intention de continuer à travailler avec elle et son ministère, dans le respect des rôles et des responsabilités de chacun.
La présidente insiste toutefois sur le fait qu’un élément primordial ne doit jamais être négligé à travers cette collaboration : en vertu de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, les communautés francophones en situation minoritaire ont le droit à la gestion et au contrôle de leurs institutions scolaires.
« En tant que présidente du Conseil du DSFNO, je me devais de rectifier certains faits et de rétablir un portrait juste de la situation. Par respect pour tous les membres du personnel de notre organisation, qui, chaque jour, se dévouent pour le rayonnement du DSFNO et pour la réussite éducative des enfants et adolescents qui leur sont confiés. Et par respect pour les parents, qui comptent sur le DSFNO pour défendre les intérêts de leurs apprenants », termine madame Cyr.
(en bandeau, la photo de la présidente du Conseil d’éducation du DSFNO, Francine Cyr)